Un cap plus exigeant, mais plus proche de notre travail réel. Ce 6ᵉ cycle vient renforcer ce qu’on vit déjà au quotidien : mettre le patient au centre, faire vivre la qualité dans les actes, pas seulement dans les écrits, et sécuriser nos pratiques.
Les grands changements à avoir en tête :
- 21 critères impératifs désormais (contre 17 auparavant). Ce sont des critères « à ne pas rater »: si l’un est négatif, on risque la suspension ou le refus de certification.
- L’expérience patient est au cœur : on ne regarde plus juste nos documents, on suit la vraie expérience vécue par les patients.
- Le fonctionnement d’équipe est examiné : parcours traceur, traceur ciblé (isolement, ECT, secteur interventionnel), audit système.
Autre évolution importante : la santé mentale devient une priorité nationale.
Les pratiques autour de l’isolement, du risque suicidaire et du suivi somatique seront observées avec beaucoup plus d’attention. Nous serons donc particulièrement attendus sur ces dimensions dans nos établissements.
Le 6ᵉ cycle introduit aussi des outils plus lisibles :
- Un maximum de 21 fiches anomalies (une par critère impératif).
- Une approche plus transparente pour comprendre immédiatement les écarts et engager les actions correctives.
Enfin, ce cycle renforce la nécessité d’une auto-évaluation régulière, portée par l’ensemble des professionnels, en lien étroit avec les usagers. L’enjeu est donc simple… Parvenir à démontrer ce que nous sommes vraiment : des professionnels engagés auprès des patients, qui savent faire vivre la qualité au quotidien.
Les critères impératifs et leur réalité de terrain
Respect de l’intimité et de la dignité du patient
Au-delà de la qualité des locaux ou du respect physique, ce critère englobe aussi la protection du secret d’un échange, l’intimité d’une confidence. Cela introduit également tout le travail que nous allons mener sur nos pratiques en termes de protection et sécurisation des données, et ce à l’échelle CEREP-PHYMENTIN. Dans nos hôpitaux de jour, où la parole est souvent un outil thérapeutique central, cet aspect doit être vécu concrètement à chaque étape du parcours.
Consentement libre et éclairé
Nous devons continuer d’expliciter dès l’admission, et même avant, qui nous sommes, nos modalités d’accompagnement et de soins. Traduire correctement pour les personnes ensemble des informations qui doivent être portées à sa connaissance. La traduction, ici, n’est pas qu’une question de langue : c’est une question de pédagogie adaptée. Au même titre que les établissements médico-sociaux nous sommes vraiment garants et avant la délégation de transmettre l’information sur leurs droits aux personnes. Il vous est donc fortement recommandé voir imputé d’adapter l’ensemble de nos communications aux spécificités des publics accompagnés.
Nous travaillerons donc en lien étroit avec le service communication pour garantir des supports compréhensibles et favoriser une véritable adhésion libre et éclairée.
Prise en charge médicamenteuse
La qualité du circuit du médicament sera regardée avec attention. Ici, le plus important est bien que nos procédures correspondent strictement aux pratiques réelles : de la prescription au stockage, jusqu’à l’administration. C’est sur ce point-là que nous allons nous auto-évaluer, et pourquoi pas par un système d’audits croisés… nous deviendrons donc les experts visiteurs d’autres établissements de CEREP-PHYMENTIN.
Santé mentale et psychiatrie
Dans le cadre de la priorité nationale donnée à la santé mentale, les critères liés à l’isolement, la contention et tout ce qui s’y apparente, la prévention du risque suicidaire et le suivi somatique seront au centre des observations. Nos pratiques dans les hôpitaux de jour doivent démontrer un respect rigoureux de ces enjeux.
Gestion des risques et culture du signalement
L’objectif est de faire vivre une culture du signalement ouverte, non culpabilisante, où chaque événement devient une opportunité d’apprentissage. Mais surtout de sortir du signalement majoritairement lié à des questions de maintenance et de travailler sur l’observation de se lier un autre fonctionnement et nos méthodes.
Une charte institutionnelle viendra prochainement accompagner cette dynamique, en lien avec le suivi de nos indicateurs qualité. Un suivi que nous allons également auditer.
Les prochaines étapes ?
Nous avons plus de temps que dans le médico-social pour avancer sereinement, la première étape serait, de relancer petit à petit (pour ceux qui s’étaient arrêtés aux COPIL Qualité par établissement. Je viendrai à votre rencontre, pour prolonger cet accompagnement sur le terrain.
Gardons en tête que la certification n’est pas une épreuve : elle doit être la reconnaissance de la qualité que nous faisons vivre chaque jour, ensemble, au service des patients.
2e temps – Avancer ensemble : de l’autodiagnostic aux actions concrètes
Depuis plusieurs mois, l’ensemble des établissements médico-sociaux de CEREP PHYMENTIN est engagé dans une démarche de préparation à l’évaluation qualité HAS. Comme vous le savez ce chemin a débuté par un autodiagnostic approfondi, réalisé établissement par établissement, en mobilisant les équipes autour de la question essentielle : comment articuler au mieux nos pratiques professionnelles et les exigences du référentiel ?
Cet autodiagnostic a permis de dresser un état des lieux précis :
- Identification des points forts : engagement des équipes, attachement à la bientraitance, respect des droits fondamentaux.
- Détection des axes d’amélioration : formalisation des pratiques existantes, traçabilité des actions, gestion documentaire, participation des personnes accompagnées.
Sur cette base, chaque établissement a élaboré son propre plan d’action, validé en COPIL, avec des objectifs concrets, des échéances réalistes et une dynamique d’amélioration continue pleinement assumée.
Afin de garantir la transparence et l’appropriation collective, tous les comptes rendus de ces travaux sont désormais accessibles sur la plateforme AGEVAL. Ainsi, chaque professionnel peut ainsi suivre les travaux du COPIL Qualité de son établissement.
Parallèlement, pour soutenir les équipes dans leur quotidien, des fiches pratiques ont été conçues. Elles seront progressivement affichées dans tous les établissements, côté personnel.
Cette dynamique d’appropriation collective, s’est déjà incarnée sur le terrain. Lors de ma première visite en réunion d’équipe au CMPP Saint-Michel, l’accueil a été remarquable : ouvert et constructif. Un grand merci encore à toute l’équipe. Ces échanges servent à prouver combien l’évaluation ne doit pas être perçue comme une sanction, mais bien comme une opportunité de faire reconnaître ce qui est vécu et transmis chaque jour auprès des enfants, adolescents, jeunes adultes et familles que nous accompagnons.
Dans cette continuité, je viendrai prochainement rencontrer toutes les équipes des établissements médico-sociaux (en plus des COPIL qualité de chaque établissement), pour poursuivre ces échanges de terrain : écouter les besoins, répondre aux questions, et valoriser les initiatives déjà engagées.
Aussi, nous travaillons sur un nouveau projet s’intitulant : « Le saviez-vous ? ». Il s’agit d’un nouvel outil de sensibilisation qualité. Ainsi, je vous proposerai régulièrement de courtes questions de sensibilisation, pour nous aider à avancer ensemble, de manière ludique et éducative, sur les différents points de nos référentiels qualité.
Il ne s’agit pas d’une évaluation, mais d’un moyen supplémentaire de :
- Découvrir ou redécouvrir des notions ou concepts essentiels
- Échanger autour des bonnes pratiques
- Approfondir notre culture qualité au rythme de chacun
Les résultats globaux seront partagés dans la newsletter du mois suivant, toujours dans un esprit d’apprentissage collectif et bienveillant.
Vous l’aurez compris, l’objectif est clair : ne pas subir l’évaluation, mais l’aborder comme une reconnaissance de notre engagement professionnel.
Les éléments clés sont en place :
- Les documents essentiels sont actualisés ou en cours d’actualisation (projets personnalisés, règlements, procédures de gestion des risques, participation des usagers…) ;
- Les actions correctives sont identifiées et suivies ;
- Les professionnels sont progressivement sensibilisés aux attendus du référentiel ;
- Les outils sont à disposition pour faciliter la mobilisation de chacun.
Ensemble, nous construisons une dynamique qui nous ressemble : exigeante mais humaine, rigoureuse mais souple, ambitieuse mais fidèle à notre culture clinique.
Et n’oublions pas que l’évaluation qualité HAS n’est pas une fin en soi : c’est une étape parmi d’autres dans notre cheminement commun vers un accompagnement toujours plus respectueux, plus éthique, plus engagé.
3e temps – Le Projet d’Accompagnement Personnalisé : un outil sur-mesure pour une qualité sur le terrain
Je rabâche, je sais, mais ce mois j’aimerais vous faire un nouveau focus sur la démarche qualité des établissements médico-sociaux.
Il y a des expressions qu’on entend souvent dans nos métiers : « projet personnalisé », « démarche participative », « co-construction avec la personne ». Elles sont belles, elles sont fortes, mais elles peuvent aussi sonner creux ou perdre leur sens, si on ne s’interroge pas sur comment elles se traduisent concrètement dans nos pratiques.
Alors dans cette lettre, faisons toute la lumière sur un outil central de notre quotidien : le Projet d’Accompagnement Personnalisé, ou PP pour les intimes.
Premièrement, accordons-nous sur le premier fait que ce n’est pas un document de plus, mais bien un document vivant ! Oui, au-delà de son caractère réglementaire, cet outil se veut être la boussole qui rythme de manière juste, éthique et complète le parcours des personnes.
Nous étant mis d’accord sur le fait que ce « PP » ne signifie pas « Papier Parasite », « Papier Pas utile »😊, nous pouvons continuer sur un deuxième point : le projet personnalisé c’est avant tout une histoire de rencontres. La rencontre entre une personne, ses attentes, ses besoins… et nous, professionnels, qui avons à cœur d’y répondre avec respect, pédagogie et intelligence collective.
Il y a quelques attendus sur nos typologies d’établissements ; des principes simples mais essentiels que nous devons partager :
- La personne exprime ses attentes et ses souhaits sur ce projet qui est le sien.
- L’équipe professionnelle évalue les besoins.
- Puis la co-construction commence : on élabore ensemble, et l’entourage est associé, si la personne le souhaite.
- On mobilise des ressources internes et externes (parce que tout seul, on va plus vite, mais ensemble, on va plus loin).
- Et surtout : on met à jour le projet à chaque évolution de situation, pour ne jamais accompagner « à côté ».
Ce projet est un fil conducteur qui intervient donc tout au long de l’accompagnement ! La bonne nouvelle ? C’est que dans l’esprit nous le faisons déjà, mais que l’on doit rendre lisible… Lisible pour les familles, lisible pour les autres parties prenantes concernées mais aussi lisible pour nous car même si beaucoup d’éléments du projet personnalisé sont déjà dans nos pratiques et nos réflexions quotidiennes, sans une formalisation claire et partagée, il reste difficile d’assurer une réelle maîtrise collective… et donc d’en garantir toute la portée pour la personne accompagnée. C’est une traçabilité au service du projet (pas l’inverse) : les besoins sont évalués, les actions sont validées, le suivi est partagé. On sait ce qui a été fait, ce qui reste à faire, et on mesure les résultats. La documentation devient un outil au service du projet, pas une contrainte de plus.
Ainsi, voici comment il intervient dans les grands temps :
La préadmission :
Dès cette étape du parcours, parce qu’on apprend à connaître l’histoire de vie de la personne, ses habitudes, ses envies (et ce qu’elle ne veut surtout pas, ce qui est parfois tout aussi essentiel). Si elle le souhaite, son entourage est associé d’entrée de jeu. Dès cet instant, une première ébauche de projet se dessine.
(N.B. : c’est à nous qu’incombe la charge d’informer que la famille a le droit de demander, à ce que son entourage soit associé à son accompagnement).
Puis vient l’admission :
On affine, on précise, on coconstruit. La personne partage ses attentes (objectifs de vie, ses ambitions, ses rituels). Nous, professionnels, nous évaluons ses besoins (on identifie des ressources, les risques liés à ce parcours, les soins et/ou l’accompagnement éducatif nécessaire, et on mobilise des partenaires).
Ce sont les premières pierres d’un accompagnement adapté, un accompagnement « personnalisé ». Pour le faire, la HAS nous recommande de s’appuyer sur des grilles et outils d’évaluation concertés et validés. Premièrement parce cela fait sens de s’accorder sur des bonnes pratiques, c’est fondamental, mais surtout, cela nous permet de s’assurer en équipe que nos méthodes restent cohérentes et fidèles à notre promesse de soin, qui nous sommes : notre Projet d’Etablissement.
Ensuite, tout au long de son parcours :
Car le projet évolue, au rythme des besoins qui émergent et des envies qui changent. Ce n’est pas figé, c’est vivant ! On révise, on ajuste, au moins une fois par an… et plus si nécessaire. Et révisé ce n’est pas refondre le projet (sauf si nécessaire) c’est faire le point sur ce qui fonctionne ce qui ne fonctionne pas, puis ajuster…
On évalue les risques pour mieux anticiper (et sécuriser). Spoiler alert : c’est (à juste titre) obligatoire et très précis… Les risques liés aux conduites, à la santé, à la vulnérabilité ou encore à la participation sont scrutés, anticipés et traités. Oui, ça prend un peu de temps, mais ça en fait gagner beaucoup sur le long terme, en évitant les mauvaises surprises.
En clair, les piliers de cette démarche sont : le sens, les droits, la méthode, et l’écoute.
Cette approche du projet personnalisé s’inscrit dans une démarche qualité plus large que nous portons ensemble au sein des établissements médico-sociaux de CEREP PHYMENTIN que vous trouverez ici.