Système qualité

29/10/2025

La salle d’attente : l’espace qui fait soin avant le temps de soin

Ces dernières semaines, il s’en est passé des choses dans les trois CMPP de CEREP-PHYMENTIN.

En effet, cette rentrée n’a pas été de tout repos !  Après le renouvellement haut la main, de la certification Qualiopi du COPES, s’est ouverte la séquence si attendue des équipes médico-sociales (CMPP Denise Weill, CMPP Saint-Michel, CMPP de Courbevoie, IME) : les évaluations de la HAS.

 

La salle d’attente : l’espace qui fait soin avant le temps de soin

Ce temps quinquennal est pensé par la HAS pour que l’on démontre, preuves à l’appui, que ce que nous faisons tient debout, fait sens, s’inscrit dans un socle associatif commun et place réellement, chaque jour, les personnes accompagnées et leur pouvoir d’agir au centre de l’accompagnement.

Les équipes, préparées depuis une année à rendre lisible ce qui fait déjà partie de notre culture et notre identité, ont accueilli les évaluateurs avec professionnalisme, sincérité, et cohésion. Et, bien qu’anxieuses au départ, elles faisaient preuve d’une certaine d’assurance ou peut-être de sécurité : celle qui naît quand on se connaît, qu’on sait ce que l’on porte ensemble, et que l’on assume de l’exposer.

Ce qui a été observé ? Au-delà de la grille du référentiel HAS aux 157 critères, c’est un ancrage dans des valeurs humaines, une attention concrète aux besoins des personnes, une réelle disponibilité, un accueil incarné, et la fierté d’un travail collectif.

Dans cette atmosphère d’effervescence, entre méthode évaluative et éléments de preuve, le Dr Olivier Ginoux (médecin coordinateur de l’association), Grégory Magneron (directeur général) et moi-même (Francesca Mbappe) avons été présents dans les entretiens comme tous les autres membres de chacune des équipes.

Habituée à venir pour des temps de travail « en bord de soin » (en bordure du soin mais faisant partie du dispositif global) , j’ai été, cette fois-ci, plongée dans l’expérience même de ce que nous défendons. Et parmi toutes les choses qui m’ont interpellée, puisque c’est Elle qui est à l’honneur de notre lettre Tempo, et parce qu’Elle a donné tellement de sens à l’ensemble de ces évaluations, j’aimerai vous parler de la Salle d’attente(s).

Avant le soin, il y a un temps, et un lieu, d’attente(s). Mais il n’y a pas que du temps qui passe : il y a des attentes. Attente de parole, attente d’écoute, attente d’apaisement, attente de réponse, attente d’espoir. Et au-delà de leurs propres attentes, les personnes perçoivent très vite une autre réalité : ici, quelqu’un les attend.

Dans la salle d’attente, j’ai vu des enfants entrer comme on entre dans un lieu familier. Certains savent exactement vers quel livre courir ; d’autres s’installent avec un coloriage comme on saisit une bouée. Ils savent où déposer leurs émotions. Les parents, eux, déposent un soupir, une inquiétude en suspens, parfois un regard qui s’exprime sans parler et parfois « déposent » aussi un tout pour « souffler ». Et déjà, quelque chose s’aligne.

Et là, j’ai compris : c’est un espace d’attente, mais pas un espace vide. L’attente y devient déjà un soin, parce qu’elle se vit dans un cadre qui considère la personne avant la consultation.

Ce cadre n’existe pas par hasard : il est porté par ceux qui accueillent, par les secrétaires qui rassurent, par les professionnels qui passent avec un sourire, un visage ouvert… Il y a cette attente et l’importance également du lieu qui les reçoit. Des lieux que des hommes et femmes se vouent également à préparer tôt le matin ou tard le soir pour que le lieu soit propre, sain et digne de ceux qui y entreront ; mais aussi par Michaël et M. Fernandez garants du maintien en sécurité et de l’amélioration technique de nos espaces.

Ainsi, quand un espace est propre, stable, habité d’attention, la dignité peut respirer. Et déjà, quelqu’un se sent respecté. Alors j’ai mesuré une chose importante :

  • le soin commence dans la confiance et la dignité,
  • la confiance et la dignité naissent dans l’accueil,
  • et l’accueil, c’est un espace vivant que la qualité, et donc notre maîtrise, doivent savoir protéger, rendre visible, et soutenir.

En tant que fonction support, j’ai réalisé que je ne travaille pas « autour » du soin, mais dans ce mouvement-là. Ce qui doit être structuré, ce n’est pas un cadre rigide qu’on pose par-dessus, c’est une vision collective qu’on sécurise, un langage commun qu’on rend transmissible. Le soin accueille la qualité quand celle-ci respecte sa dignité. Et la qualité accueille le soin quand elle reconnaît sa singularité.

Dans les salles d’attente des trois CMPP, j’ai vu le sens de notre engagement se matérialiser : accompagner chaque enfant vers « l’autonomie de ce qu’il/elle est », sans gommer sa singularité. Et j’ai confirmé que les fonctions support ne sont pas en coulisse. Nous sommes dans l’équation, complémentaires des équipes cliniques : là où l’on sert la trajectoire de l’enfant, là où l’on veille sur les conditions de l’accueil, là où le soin commence avant le soin.

Du 13 au 15 novembre, l’IME entre dans l’évaluation. Il n’est pas seul. Il arrive dans une dynamique déjà vivante, nourrie par les CMPP. Il portera sa propre salle d’attente, qu’elle soit un couloir, un espace d’activité ou un rituel d’arrivée, mais avec cette même essence :

Bienvenue. Ici, tu es attendu(e) avant même d’être reçu(e). Ici, tu existes.
Parce que nous prenons soin de respecter nos valeurs qui font ce cadre, ce cadre prend soin de nous…
Et parce que ce cadre prend soin de nous, nous prendrons soin de toi.

Et en voyant tout cela, dans ma fonction, mais aussi dans ce que je suis en tant qu’être humain, je réalise qu’être en immersion et observer la danse de notre pluridisciplinarité, cela me soigne en quelque sorte en tant que professionnelle, non pas « en bord de soin » mais actrice du soin.

Votre collègue Francesca Mbappe, chargée de missions Qualité et Systèmes d’Information

 

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