L'USIS : un cadre contenant et étayant

usis_cadre.png

USIS : des soins psychothérapeutiques et un accompagnement éducatif et pédagogique pour des enfants souffrant de troubles du développement psychique et de l’adaptation à la vie scolaire.

Trois modalités d’accueil viennent rythmer la vie de l’institution : dans la journée, la prise en charge des petits sur les temps scolaires, la venue des enfants (6 à 14 ans) après l’école, la présence des adolescents en horaires décalés deux fois par semaine.

Un tempo structurant

L’accompagnement des petits repose sur deux principes fondamentaux : le cadre et la scansion. Toute activité proposée est délimitée dans l’espace et dans le temps pour leur permettre d’expérimenter dans un environnement rassurant la difficulté à se séparer, la possibilité de passer d’un jeu, d’un lieu, d’un adulte à un autre. Selon Philippe Metello, médecin directeur de l’USIS, « Tout repose sur un cadre spatio-temporel qui prend une importance considérable ici car il est tellement attaqué. C’est néanmoins un cadre qui bouge car on est obligé de créer avec eux au fur et à mesure. »

Très jeunes ou plus âgés, nombre d’enfants de l’USIS ont en commun des parents en grandes difficultés, taisant leur mal-être et leur impuissance. Les troubles du comportement des enfants, leurs attaques et leurs cris se font le haut-parleur de la souffrance du groupe familial et des manifestations de haine au cœur des relations qu’ils nouent avec les autres.

Corinne Ehrenberg, directrice de la structure, rappelle que les professionnels ont « Parfois affaire à de la haine pure ». Tout le travail thérapeutique repose sur la capacité des soignants à transformer ces sentiments pénibles que les enfants déposent en eux pour leur permettre de se les réapproprier pour se structurer et s’épanouir. C’est un lent processus d’élaboration s’étalant sur plusieurs années. C’est ainsi que les petits deviennent des anciens venant à l’USIS échanger autour de leurs études en cours, mais aussi pour exprimer le besoin d’une aide pour une rédaction de CV ou une recherche de stage.

Ces résultats à long terme sont en partie possibles grâce à la construction d’une relation avec les parents, généralement réticents au départ. Les familles, selon Philippe Metello, se présentent sous forme  « de magma. C’est l’originalité de l’USIS de ne pas imposer, à priori, un modèle de suivi : si l’on ne distingue pas l’enfant du parent, on mettra en place le cadre approprié pour que chacun retrouve son rôle lié à sa place dans la dynamique familiale. Il arrive que l’on propose des entretiens individuels à certains parents. » Enfant ou parent, chacun apprend à se différencier dans son rôle.

Une équipe nombreuse et très investie

Fréquemment, les insultes des enfants fusent dans l’USIS, les cris résonnent, les dégradations sont légion – autant de moments déstabilisants et éprouvants pour les stagiaires psychologues reçus dans la structure. Seuls des échanges renouvelés lors des réunions institutionnelles et un travail de concertation entre les membres de l’équipe jugulent les situations difficiles et si pour la directrice « On est bombardé de haine, on apprend à travailler avec. On apprend à transformer la violence des enfants en quelque chose de psychiquement supportable. »

Le projet thérapeutique l’USIS suppose un grand nombre de professionnels pour accompagner correctement les jeunes usagers. La présence de 8 stagiaires à l’année est vitale car certaines prises en charge (comme les accompagnements école-USIS et USIS-domicile) nécessitent un adulte pour un enfant, condition nécessaire pour que ces derniers apprennent à fonctionner un jour dans un groupe. La direction de l’USIS n’est d’ailleurs pas sans insister sur la difficulté du stage mettant parfois à l’épreuve les meilleures volontés, en dépit de gratifications humaines indéniables.

Médecin, psychologues, éducateurs, assistante sociale, tous sont impliqués dans le projet de l’enfant ou de l’adolescent. Un partenariat avec l’Éducation nationale et les professionnels des circuits de la protection de l’enfance renforce quant à lui, les actions mises en place dans l’institution – un soutien extérieur vital.