Les médiations culturelles

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Un dossier complet rédigé par un ensemble de professionnels de l’hôpital de jour du Parc Montsouris : Thierry Braconnier - psychopédagogue, Delphine Gentizon-Barillé – psychopédagogue, Christelle Lacombe - art-thérapeute, Elena Gloukovskaia – psychologue, Elisabeth Russo – psychologue, Anne-Marie Paul - enseignante spécialisée professeur de Lettres, Georges Meliz – psychologue et Sabino Pace - éducateur.

Qu’il soit artistique, littéraire ou mathématique, l’objet de la médiation a pour but de favoriser la rencontre, permettant à l’adolescent de rencontrer une part de lui-même, l’objet médiateur n’ayant pas de portée thérapeutique en lui-même.
En décalage d’un dispositif plus frontal, la médiation offre une aire intermédiaire, une aire transitionnelle laissant toute sa place au jeu, engageant ainsi les processus de symbolisation.
Instaurer du jeu entre ses différentes parties de la vie psychique c’est pouvoir travailler avec des parties clivées pour accéder à la modalité créative dans le sens d’une restauration narcissique de l’adolescent, d’un « plaisir à penser » retrouvé.
Des dispositifs à médiations variés sont au centre de la prise en charge des adolescents à l’hôpital de jour du Parc Montsouris, adolescents souffrant de contraintes psychiques gouvernées par l’activité de destruction de la capacité de pensée. Chaque dispositif est pensé institutionnellement afin d’essayer de mettre en perspective ces enjeux dans la prise en compte de la dynamique transférentielle focalisée par l’objet médiateur.
Plusieurs médiations sont proposées : piano, cinéma, mathématiques, littérature, jeux de société, danse, musique et arts plastiques. 

La médiation Piano

Depuis que l’hôpital de jour a bénéficié du don d’un piano, un travail individuel autour de cette médiation est proposé à un nombre restreint d’adolescents. Le plus souvent ce sont les adolescents eux-mêmes qui en font la demande lorsqu’ils se sentent attirés par cet instrument ; néanmoins, la pertinence de cette proposition est évaluée au cas par cas. Il s’agit bien sûr d’apprendre à jouer, un peu et seulement à l’oreille pour certains, de manière plus approfondie et avec des objectifs précis pour d’autres. Dans ce cadre, le piano devient surtout l’occasion d’une rencontre permettant une prise en charge individuelle qui, selon la problématique de chaque adolescent, permettra de travailler certaines dimensions :

  • l’intégration corporelle : habiter tranquillement son corps, en prendre conscience, le relâcher, apprendre à mieux le coordonner ;
  • émotionnelle : se sentir traversé par une émotion, la reconnaître, la nommer, la retranscrire en musique, la relier à la sensation corporelle ;
  • et mentale : l’apprentissage de la musique comme système symbolique, mais aussi un aller-retour possible entre des moments déstructurés d’improvisation et d’autres faisant appel à la mise en forme.

En préalable, une mise en condition corporelle pour aborder ce travail consiste à se mettre dans son corps, respirer, ainsi que le travail de spatialisation bilatérale. Le rythme partant de la respiration interne est senti d’abord dans son corps.
La relation duelle est un étayage pour l’adolescent qui s’inscrit dans le dialogue de jouer à deux.

►Elisabeth Russo, psychologue.

La médiation Cinéma

Le groupe Cinéma est un groupe fermé qui fonctionne sur l’alternance dedans-dehors, qui fait lien : une semaine sur deux, le groupe va au cinéma, la semaine suivante, un film est visionné à l’hôpital de jour. Il favorise l’affirmation des goûts et intérêts personnels des patients à travers le choix de films proposés aux autres. Le groupe va d’abord voir un film au cinéma choisi par un des membres, adultes et adolescents chacun à leur tour. Après la séance, le groupe en discute autour d’une boisson dans un café. La semaine suivante, la même personne choisit un film en DVD en lien avec le premier. Le lien est subjectif, thème, genre de film, réalisateur, acteur, etc. La discussion qui a lieu ensuite permet de formuler ce lien et de faire des associations entre les deux films.

L’enjeu est ainsi de favoriser une dynamique de pensée groupale et individuelle, en partageant des intérêts culturels, en mettant des mots sur les images, ce qui permet d'interroger les représentations identificatoires et la dimension hallucinatoire du fantasme. Le groupe permet aussi de travailler sur la socialisation : sortir en groupe, accepter la présence, la parole et le choix de l’autre. Se confronter au jugement de l’autre peut mettre à mal le narcissisme : le cadre protecteur du groupe fait du cinéma un miroir réfléchissant permettant aux adolescents d’explorer et d’affirmer leur identité.

►Anne-Marie Paul, enseignante spécialisée de Lettres

La médiation Danse

Le groupe Danse-Écriture : sous l'effet du transfert, le groupe fait émerger et accueille une quantité de vécus primitifs non-symbolisés. La médiation danse contemporaine associée à l'écriture libre, entre l’informe et les premières formes, favorise la pré-symbolisation de ces expériences et, chemin faisant, leur transformation. À travers le geste dansé qui prend forme dans le contact et sous le regard des autres, une histoire sans parole s'écrit qui peut ensuite prendre forme dans le dessin et à travers les mots. Groupe fermé pour favoriser la constitution d’une enveloppe sécurisante, le groupe Danse-Ecriture se déroule en trois temps.

Après la relaxation-échauffement où chacun prend contact avec ses sensations corporelles, le mouvement dansé se déploie dans l’espace en musique, ensemble, en groupe, en duo, en solo. Les consignes variées laissent une grande place à l’improvisation gestuelle, essentielle dans le processus de personnalisation/subjectivation par le mouvement (comme le théorise Winnicott qui relie l'idée d'un vrai « self » au geste spontané de l’enfant - Distorsion du moi en fonction du vrai et du faux « self », in Processus de maturation chez l’enfant). C’est un déploiement dans l’espace potentiel qui est en jeu et il suppose que les soignants y soient pleinement engagés (« squiggle » dansé). Le troisième temps est consacré à une représentation graphique et verbale (dessin, écriture,…) afin de garder une trace des éprouvés ressentis pendant le mouvement dansé. Chacun dessine ou écrit « ce qui lui passe par la tête ». La mise en circulation des associations est ensuite permise par la présentation et la lecture des productions aux autres. Ce partage constitue une histoire groupale dans laquelle chaque adolescent peut se situer. En fin de chaque année scolaire, un échange a lieu avec chaque adolescent individuellement, étayé sur ses productions qui lui permettent de se souvenir de son expérience.

Des spectacles de danse sont régulièrement vus par les membres du groupe lors des sorties au théâtre, ce qui renforce le sentiment groupal et alimente le rapport à cette médiation artistique.

En 2020-2022, le groupe Danse s’associe au projet de l’association Ciné-corps « Pays où tout est à prendre au sérieux », qui offre aux patients une expérience d'ouverture sur l’extérieur. Accompagnés par un danseur-chorégraphe et une réalisatrice, les séances se déroulent dans un studio de danse et ont pour finalité la création d’une performance publique et d’un film issu du travail de création groupal.

►Anne-Marie Paul, enseignante spécialisée de Lettres et Elena Gloukhovskaia, psychologue

La médiation des mathématiques

Les troubles psychotiques autorisent des applications psychopédagogiques dans le domaine particulier de l’activité mathématique. Pour les apprentissages de base sur le nombre, l’opération, la figure géométrique, des outils matériels permettent d’aider le psychopédagogue dans l’accompagnement de ces apprentissages.
Nous nous intéressons plus particulièrement à l’activité symbolique des adolescents, qui ont souvent vécu une rupture fondamentale avec les objets et la pensée mathématiques.
Dans un dispositif triangulaire permettant la circulation des questions, des représentations, des affects, nous cherchons à provoquer une modification vertueuse du lien de l’adolescent à ces objets mathématiques et au discours qui le/nous lie à ces objets : ce discours peut-il avoir un sujet ? À travers un remaniement de la pensée symbolique, portée par un idéal du moi plutôt qu’un surmoi castrateur ou tout-puissant, cette approche participe à l’effort de l’institution en vue d’une appropriation subjectivante par l’adolescent de son histoire - et de son désir.
Des extensions sont mises en place sous forme de groupes thérapeutiques avec les mathématiques ; dans les échanges et les confrontations, on y cherche une « bonne distance » au formalisme d’un langage rigoureux, ni collage à l’infini d’une vérité absolue, ni noyade dans l’annihilation d’un discours étrange et sans sujet.

►Thierry Braconnier, psychopédagogue

La médiation littéraire

L’objet littéraire importe peu tant qu’il est pensé et « jouable » pour l’adolescent. Le texte lu, écrit, transformé engage le processus par lequel une connaissance sensorielle se transforme en une donnée intellectuelle partageable.

On s’intéresse au positionnement subjectif de celui qui lit et/ou qui écrit dans un travail de liaison, de reconstruction, nous appuyant davantage sur la forme de l’écriture que sur le fond, dans une perspective de symbolisation.

La médiation de l’écriture se situe dans une interface où s’imbriquent le langage et le corps, le travail de figuration des symboles, des liens qui articulent la pulsion au langage au moyen de la représentation. C’est dans ce sens que cette médiation thérapeutique travaille l’accès à la capacité de tracer seul en présence du thérapeute une trace dégagée d’implications trop chargées narcissiquement, portant ainsi une valeur symbolique parce que relationnelle.

Les prises en charge individuelles autour de la médiation littéraire s’articulent donc dans une dimension de jeu partagé, au gré des possibilités et des envies : anagrammes, slam, poésie, jeux d’écritures de textes, « cadavres exquis », projet d’écrivain, messages adressés, littérature ou bande-dessinée... ; le processus de créativité dans le cadre de cette médiation se situant dans le champ des possibles, exempté des exigences, attendus et compétences scolaires.  

Le groupe Conte

Il offre un cadre qui se veut contenant, structurant, apaisant pour l’adolescent, avec le conte pour médiation ; ce cadre, en référence à la notion de contenance groupale, offre une matrice rassurante, comme un facteur fondamental dans la création d’un sentiment de sécurité face à la douleur, à la rage et au désespoir adolescent expérimentés dans les situations des groupes thérapeutiques de l’hôpital de jour. La médiation du conte peut apporter un certain matériel d’association, sur lequel on peut faire des commentaires pour organiser sa pensée ou un espace plus régressif de « rêverie ».

Des rituels bien repérés structurent l’organisation spatio-temporelle du groupe Conte autour du temps central de la lecture faite par l’adulte, permettant la participation volontaire des adolescents :
- Installés en cercle, une lecture de l’horoscope offre un temps singulier d’adresse personnelle, de digression et de fantaisie pouvant faire émerger un échange informel, comme une présentation dans ce premier temps du groupe.
- Présentation suivie d’une lecture d’un texte court - maxime, proverbe ou fable - comme un temps suspendu de philosophie poétique, de moment récréatif avant le moment calme d’écoute du conte.
- L’écoute n’est soumise qu’à cette seule règle de ne pas déranger celle de l’autre : en position active ou passive, de sommeil ou de mouvement (manipulation parfois nécessaire d’objets, dessin).
- Le temps d’après la lecture est offert comme préambule à la séparation, temps d’échange volontaire libre, comme un réveil, un retour progressif à la réalité au sortir d’un rêve. Ce temps de fin prend ainsi la même forme que celle donnée par chacun au vécu du groupe. « Car telle est la fonction du conte : amener l’auditeur, en lui suggérant autre chose, à voir ce qu’il a devant les yeux. » Paul Auster, L’invention de la solitude.

►Delphine Gentizon-Barillé, psychopédagogue

La médiation du Jeu

« Phénomène transitionnel, entre objectivité et subjectivité » que Winnicott relie « au plaisir et à la créativité ».
Au cours du processus de l’adolescence, c’est davantage l’expérience de la rencontre qui est en jeu que celle de l’absence. Parler du jeu à l’adolescence, c’est évoquer la créativité de l’adolescent tout autant que la bonne distance qu’il doit trouver avec lui-même et avec l’autre : le jeu s’appuierait ainsi sur la tendance à l’agir - un des mécanismes de défense caractéristique à l’adolescence - pour lier violence pulsionnelle et créativité, en agissant pour symboliser, pour représenter un trop plein d’excitation et d’émotions. Les adolescents ont besoin de pouvoir déployer leur imaginaire, de pouvoir jouer avec, d’en expérimenter à la fois les potentialités et les limites.

Ainsi le jeu peut permettre à l’adolescent de vivre un instant de plaisir et de créer un espace de confiance qui permet de faire tiers avec douceur. Il favorise ainsi la relation tout en se référant au cadre établi et défini par les règles du jeu.

Le groupe Games

Il est intitulé ainsi en référence à la distinction faite par Winnicott entre le game -jeux de société ou éducatifs à la fonction réglée et donc limitée - et le playing qui recouvre l’activité même de jouer.

Games est un groupe ouvert où sont proposés des jeux de société en libre-service, le choix se faisant collectivement en fonction du nombre et du profil des adolescents présents. Les jeux à disposition sont plutôt traditionnels, en lien avec une mémoire collective familiale rassurante, engageant différentes stratégies et processus opérationnels (jeux de plateau, de dés, de cartes, de connaissances culturelles ou scolaires) qui permettent ainsi à chacun de s’y retrouver du côté de ses propres capacités et du plaisir à partager.
►Delphine Gentizon-Barillé, psychopédagogue

La médiation Plastique

Un atelier est dédié aux arts plastiques depuis la création de l’hôpital de jour, initialement réservé uniquement à la sculpture et au modelage de la terre, pour des groupes ouverts et fermés ou des prises en charge individuelles.

Depuis 2005, le champ s’est élargi au « Champs des possibles » : dessin, peinture, collage, assemblage, argile, gravure, textile, « Histoire en boîte ». Les groupes s’organisent à partir des techniques plastiques, mais ce qui est visé n’est pas l’apprentissage de la technique, mais à partir des sensorialités différentes, l’accès à des logiques mathématiques, spatiales, plein-vide, transferts/flux de forces, résistance et malléabilité.

Les dispositifs de médiation plastique existent sous différentes formes à l’hôpital de jour, activité de groupe clos, groupe ouvert et prise en charge individuelle. Ces différents cadres respectent les possibilités et contraintes propres à chaque adolescent. Ces dispositifs sont centrés sur l’objet médiateur et la relation aux soignants eux-mêmes engagé dans l’acte de création.

Actuellement sont utilisés le textile, l’argile, la peinture, l’architecture, et la gravure. Ces médiations plastiques peuvent évoluer en fonction des besoins des adolescents.

Ces objets médiateurs engagent une sensorialité ; chaque médium privilégie en effet un mode de rapport particulier à la sensorialité qui détermine le processus transférentiel.

Les médiums plastiques sont des attracteurs, attirant des sensibilités au sens d’un aimant qui attire la vie pulsionnelle. Comme l’a envisagé D. Houzel (1987, le concept d’enveloppe psychique). La fonction d’attracteur du médiateur va œuvrer à la liaison des éléments chaotiques et la multiplicité fragmentée du monde interne et aussi permettre d’autres circuits pulsionnels souvent dominés par l’évacuation, la décharge, le gel des affects. Ici sont visés d’autres circuits soutenant la possibilité de se représenter, de transformer pour conserver, perlaborer et soutenir tolérer de nouvelles tensions.

Ces dispositifs privilégient un espace pour la fantaisie, pouvant réconcilier une nouvelle liaison entre le principe de plaisir et de réalité.

La scène de création est bien une scène pulsionnelle, organisant une construction, une cohérence dans une mise en forme qui mobilise le corps, les gestes, et une pensée. Cette pensée va chercher une forme, une ligne, un contour, elle infléchit la courbe d’un dedans - dehors ;
elle informe la matière physique et la matière psychique pour créer de nouvelles liaisons. Elle s’organise sur une possible reprise d’ouverture - fermeture, de visible - invisible, de présence - absence elle travaille tant à faire apparaître qu’à faire disparaître, elle travaille à opacifier l’éblouissement pour rendre visible, ou éclairer l’obscur.
Le travail de création relance le trafic de l’import - export, le sujet crée son ouvrage à mesure qu’elle se forme en lui et cette mise en forme au-dehors agit sur l’engendrement des formes internes.
C’est une possible prise d’espace qui s’engendre par des actes de création (découpe, de décomposition et de recomposition, d’assemblage) qui délie pour relier autrement le sujet à son propre espace interne en le créant au dehors.
Un espace qui donne à voir, une possibilité d’exhiber en mobilisant l’excès du dedans mais toujours en décalant et l’encadrant par les lois de la matière qui sont elles-mêmes prises dans les logiques de la représentation.
►Christelle Lacombe, art-thérapeute

La médiation Musique et chant

Le groupe Musique et chant est un groupe ouvert qui réunit un petit groupe d’adolescents habitués et accueille régulièrement des nouveaux venus. C’est un groupe où l’on écoute des chansons françaises et internationales de styles variés, où l’on chante, où l’on joue des instruments (piano, guitare, basse), chacun en fonction de son désir et de ses capacités. L’esprit du groupe est celui du « bœuf », c’est-à-dire qu’il vise à développer la capacité à improviser et s’amuser avec la musique et la voix, en écoutant les autres et en interagissant avec eux afin de créer une harmonie sonore.

Le groupe commence par un temps d’écoute, avec analyse des différents styles musicaux et de l’orchestration. Les adolescents proposent à tour de rôle des chansons à écouter, ce qui leur permet d’affirmer leur singularité et de partager avec les autres leur goûts, leur sensibilité. Chacun est invité à exprimer son avis sur les chansons écoutées, on discute des paroles, traduites si besoin, de l’envie et de la possibilité de chanter ensemble la chanson à notre façon, en fonction de sa difficulté, avec quel arrangement musical. Les adolescents qui savent jouer de la guitare et/ou du piano sont encouragés à travailler l’accompagnement, qui sinon est assuré par les adultes. Entre les adultes référents de l’activité et les adolescents participants, des discussions au sujet des goûts musicaux et opinions subjectives se développent. Une communication de type dialogique s’instaure, dans laquelle la distance parfois générationnelle permet le partage de l’expérience de l’autre pour rejoindre un contact empathique.

Le deuxième temps du groupe est consacré au chant accompagné par les instruments. Au fur et à mesure un répertoire de chansons s’est constitué, des classeurs qui contiennent les paroles imprimées sont à disposition des adolescents qui peuvent ainsi proposer de chanter un titre ancien ou nouveau. On alterne chansons en français et en langue étrangère, on varie les titres d’une semaine à l’autre. On répète plusieurs fois les nouvelles chansons pour se les approprier. On les transforme aussi parfois de manière humoristique en détournant les paroles ou la mélodie. On discute technique musicale : les accords, la tonalité choisie, les tessitures, le rythme, la structure des chansons. Il s’agit de faire prendre conscience aux adolescents que la magie et le plaisir de la musique reposent sur la connaissance technique, sur le travail de répétition et de mémorisation, et surtout sur l’écoute de l’autre, qui passe aussi par le regard et la parole. Chanter à l’unisson, en rythme, dépend de la qualité du lien qui s’est construit entre les participants. Mais l’« erreur » fait absolument partie du jeu de la pratique collective. Les « erreurs » de chacun sont exploitées pour « improviser » et pour exprimer avec cohérence et liberté les subjectivités qui constituent le groupe.

Par la constitution d’une enveloppe groupale malléable, à la fois souple et solide, le groupe participe à la restauration de l’enveloppe psychique. L’enveloppe sonore, construite par les traces mnésiques des premières interactions, est aussi sollicitée par le médium.

Anne-Marie Paul, enseignante spécialisée de Lettres et Sabino Pace, éducateur.

  • Hôpital de jour du Parc Montsouris, janvier 2021