DanSécriture

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Chaque année, depuis 2010, une dizaine d'adolescents de l’hôpital de jour Montsouris, de niveau collège et lycée, présentant des troubles psychiques, sont choisis en fonction de leurs besoins afin de bénéficier du dispositif DanSécriture, atelier à double médiation alliant la danse à l'écriture, afin de mettre en route un processus thérapeutique de transformation.

Psychologues et enseignante en lien avec un danseur du Théâtre de la Cité Universitaire
Deux psychologues de l'hôpital de jour Montsouris, Catherine Yelnik, formée à la danse-thérapie et animant depuis de nombreuses années le groupe danse de l'institution ainsi qu'Elena Gloukovskaia, accompagnées d'Anne-Marie Paul, enseignante en Lettres détachée à l'hôpital de jour, proposent aux participants un travail tenant compte de chacun afin de réconcilier le corps et la pensée.

A l’origine
Souvent, l’inhibition et l’empêchement de penser proviennent d’un trouble ancien de la relation précoce de l’enfant à son entourage, d’un traumatisme physique : carence dans le soin donné au corps de l’enfant, souffrance somatique ou absence de contact physique entraînant un arrêt défensif des processus de pensée, à des degrés divers. Ces blocages physiques s’inscrivent dans le corps, dans la posture de l’enfant qui développe différents troubles relationnels et cognitifs.

Réveiller le corps
Le dispositif DanSécriture s’ouvre sur la relaxation et les sensations : détente, respiration, mobilisation des différentes parties du corps, permettent de passer d’un stade passif à un état de mouvement. Les adolescents-patients explorent ensuite l’espace. A partir de consignes précises données par les professionnels, le travail d'improvisation dansée se déploie dans le groupe, individuellement ou en association (duos ou trios). Suscitant des sensations nouvelles ou oubliées, la danse a dès lors des effets thérapeutiques en faisant émerger des affects refoulés.

Un pas vers soi, une avancée vers les autres
Grâce à l’approche artistique portée par les deux soignantes psychologues et mise en forme par le danseur-chorégraphe, le rapport au corps des adolescents évolue considérablement, dans la durée. Ils passent d’une sensation de perte de repères à une appréhension beaucoup plus organisée et globale de l’espace, visible à travers leurs déplacements sur scène. Favorisant une meilleure représentation spatiale, la danse ouvre le champ d’observation et d’intérêt et conduit les participants à la perception de l’autre. En partageant l’espace, en acceptant de s’inscrire personnellement dans un projet collectif, les participants apprennent à élaborer une vie ensemble.

Raconter son histoire
A l'issue du travail corporel auquel elle participe, la professeure de lettres anime un temps d'écriture visant à conserver une trace verbale et psychique de ce qui a été ressenti par chacun. Le mouvement de l’écriture, du bras qui se saisit de la plume, permet de coucher sur le papier les vécus, affects et pensées émergents, et d’en laisser une empreinte. Ce moment calme, de retour sur soi, potentiellement vécu au départ comme persécutant pour des adolescents en situation de décrochage scolaire ou d’échec, est rapidement investi comme le prolongement naturel de l’activité corporelle. Les mots prennent sens et deviennent peu à peu l’expression de soi. Les textes rédigés sont lus devant le groupe par leurs auteurs, intervenants et patients, s'ils le souhaitent, et prêtent souvent à discussion.
Grâce à la pratique de l'écriture, de la lecture et de l'expression orale en groupe effectuée durant l’atelier, les adolescents sortent progressivement de leur inhibition face au langage qui devient un outil de communication, un pont construit vers les autres, une manière ludique voire artistique d’être ensemble.

Des maux à la scène
Inspirés par les gestes, les textes produits font apparaître des thèmes et des réflexions nourrissant les propositions chorégraphiques des séances suivantes. Au fil du temps, une réserve de gestes et de mots constitue le patrimoine du groupe et raconte l'histoire de l'atelier. Aboutissement de la médiation thérapeutique et artistique, la représentation met en scène textes et chorégraphies issus des activités menées au cours de l’année. Structuré autour de thèmes ayant émergé au fil du temps, le spectacle offre aux adolescents l’occasion de se mettre en scène face aux autres et de mesurer le travail accompli sur eux-mêmes.
Hors les murs de l’institution, dans une salle de spectacle à la Cité Internationale Universitaire, la représentation est une ouverture sur le monde, un grand pas vers les autres.

Sensible à la portée sociale et solidaire du projet, la Fondation SNCF a soutenu financièrement l’hôpital de jour Montsouris dans le cadre de l’appel à projets Coups de Cœur Solidaires 2014.