Les lieux d'élaboration de la clinique

Journée associative : atelier " Les lieux d’élaboration de la clinique "

Préambule et ouverture de l’atelier : Qu’est-ce que la clinique ?

Il ne suffit pas de mettre des gens ensemble pour faire de la clinique. Quelle place prennent les « lieux » dans la clinique ? Faire de la clinique n’est pas de faire débat ou se mettre d’accord. La question est peut-être la recherche de la rencontre, autour de la clinique, et d’une expérience de transformation et de possibilité pour chacun de penser autrement. C’est ce qu’on nommerait élaboration clinique.
Il y a donc mouvement de chacun vers l’autre (désir de réfléchir ensemble, de partager) mais aussi mouvement vers soi (se laisser transformer).
Se posent là les questions de résistances et/ou d’incompréhension entre professionnels où parfois les lieux d’élaboration de la clinique semblent stériles ou remplis de mots ou de représentations non partageables, comme si la rencontre entre chacun n’était pas possible. Pour que la clinique se partage et que l’élaboration puisse permettre à chacun une expérience de transformation, la langue de la clinique doit être parlée, « universelle », non hiérarchisée et aucune parole ne doit disqualifier une autre. N’être « pas d’accord » cliniquement est bien loin de signifier ne pas se comprendre.

Les lieux d’élaborations de la clinique

Dans les espaces de soin se projette le psychisme (souvent morcelé) des enfants. La clinique est là où l’enfant la dépose ! Les couloirs, les murs, les escaliers de secours, les bureaux « officiels », les portes ouvertes, les portes fermées, les portes fermées à clés… espaces de transition, espaces de rencontres, espaces de circulation… Il semble que la clinique ait lieu d’emblée dans le mouvement : davantage dans le mouvement d’ouverture d’une porte que « sur » une porte qui reste fermée et qui par son aspect figé ne pourra permettre de recevoir des expressions de parties vivantes du psychisme de l’enfant
Une première transformation s’opère des passages à l’acte vers une parole de l’acte. Les lieux deviennent alors un espace verbal : là où il y la clinique c’est là où on associe.
Il y a les lieux « temps à chaud » à la sortie d’un atelier, d’un groupe ou à la suite d’un « événement » où on rejoue la clinique à chaud pour « digérer » un peu.
Il y a les lieux «temps à froid » d’élaboration à distance comme les synthèses : lieu où on se raconte ou lieu où l’on se rassemble ?. Le chacun son tour n’autorise pas toujours la pensée…
Autre espace d’élaboration est la supervision avec un engagement de soi et une mise en récit de la rencontre de soi avec la clinique de l’enfant.
Enfin, la formation (formation continue) est essentiellement un lieu d’élaboration clinique (ou devrait l’être !), permise par la dynamique du groupe et les échanges entre professionnels. Les apports conceptuels et les échanges cliniques viennent nourrir l’identité professionnelle et questionner l’engagement de chacun auprès des enfants et des familles. Ce travail en formation soutient donc la posture clinique fondamentale qui est d’être « auprès de ».
En revanche, d’autres temps institués comme les réunions MDPH, les CPOM… ne sont pas des lieux d’élaboration ni de transmissions. Ce sont des lieux de contrôle, d’économie, de résistance psychique.

Conclusion

Dans l’écriture de ce texte, on retrouve un certain chemin psychique parcouru par notre atelier pendant ces deux heures où nous nous sommes constitués en groupe de parole et avons créé à partir des dépôts de chaque lieu institutionnel une élaboration commune à transmettre à nos collègues des autres ateliers.

Le 22 mars 2022, Armelle Cadoret, Moïra Vassal et Emmanuelle Suchaud