Le rapport d'activité 2019

2019 : une belle et bonne année pour Cerep-Phymentin, non seulement sur le plan budgétaire mais aussi, et surtout, sur le plan de notre activité de soin et de formation, et ceci en dépit des grèves qui ont tout de même pesé en fin d’année sur le fonctionnement des différents établissements.

 

Comme chaque année, la rédaction de ce « Mot du président » m’importe au plus haut point.

Sur le plan de la forme, ce rapport d’activité 2019 se présente comme un très beau document, sous le signe du phare et des bateaux, ce qui me fait me souvenir du fait que Donald MELTZER aimait bien dire que pour l’enfant, « la première météo se lit dans les yeux de la mère », soit de la mer(e) calme mais à tendance parfois… agitée !

Merci donc à Véronique M. et à ses collaborateurs pour cette réalisation véritablement très esthétique.

Plus profondément, à l’heure où j’écris ces quelques lignes, la situation en France et dans le monde - du fait de la pandémie virale - n’a plus rien à voir avec celle que nous avons vécue en 2019.

Je reviendrai en conclusion sur l’impact de cette pandémie, mais il est vrai qu’il est difficile de penser 2019 en faisant totalement abstraction de 2020…

Quoi qu’il en soit, l’année 2019 a été une belle et bonne année pour Cerep-Phymentin, non seulement sur le plan budgétaire mais aussi, et surtout, sur le plan de notre activité de soin et de formation, et ceci en dépit des grèves qui ont tout de même pesé en fin d’année sur le fonctionnement des différents établissements.

Ces événements sociaux ont sollicité de tous un engagement professionnel sans faille et un sens de la responsabilité que je tiens à saluer publiquement ici.

Ceci témoigne à mon sens d’une authentique vitalité de notre association et d’une identité associative de plus en plus partagée, vécue et ressentie.

Mes félicitations vont aussi au siège et à l’équipe de direction - Grégory M. et Jennifer M. - dont la rigueur ne se déploie jamais au détriment de notre tâche primaire qui est évidemment celle du soin psychique et de la formation que je viens d’évoquer.

J’ai aussi à coeur de souligner l’importance à mes yeux de l’accueil par Cerep-Phymentin de nombreux stagiaires (plus d’une trentaine), ce qui s’inscrit dans une mission de transmission existant certes depuis longtemps mais de plus en plus clairement assumée, me semble-t-il.

Sans reprendre certains des éléments d’information qui sont contenus et détaillés dans ce rapport d’activité 2019, j’indiquerai seulement que la créativité (en termes de clinique ou de recherche) des équipes demeure impressionnante, que plusieurs binômes de direction ont pu soit retrouver leur structure (à l’USIS) soit la modifier (à l’IME), et que deux déménagements ont été effectués dans des conditions très satisfaisantes (celui du CMPP Denise WEILL et celui du COFI/CMP).

Pour l’hôpital de jour du Parc Montsouris, la disparition de Raymond CAHN est évidemment un événement important que le confinement nous a empêchés de marquer symboliquement comme nous l’aurions souhaité, ce que nous ferons bien entendu dans un temps second.

Le COPES dont les divers clignotants étaient au vert jusqu’à la fin de l’année a courageusement affronté l’impact d’une fin d’année difficile assez lourdement marquée par les grèves que l’on sait.

Ce à quoi j’ajoute, enfin, que l’année 2019 a également été consacrée au portage et au développement de deux projets importants (non encore aboutis) : celui de l’Ombrelle, future crèche (thérapeutique, si possible) dont les travaux de construction sont en cours sur les locaux de l’ancien hôpital Broussais, et celui de l’Institut Contemporain de l’Enfance qui sera dédié à l’enseignement, à la formation et à la recherche dans le champ de l’enfance (bébés, enfants et adolescents) en référence claire aux trois piliers de la psychanalyse, de la psychopathologie et de la pédagogie.

Alors finalement, le phare !

Quel beau symbole à une époque où notre sextant relationnel se voit quelque peu déboussolé… si j’ose m’exprimer ainsi !

Au terme de ces quelques réflexions, j’aimerais en fait conclure sur la théorie de l’après-coup.

On le sait, cette théorisation joue comme la pierre angulaire de notre métapsychologie psychanalytique quant à la temporalité.

Jean Laplanche nous a montré à quel point il est important d’avoir une lecture à double sens de cette théorie freudienne, soit une lecture qui aille autant du passé vers le présent que du présent vers le passé.

Certes, notre passé rend compte, en partie, de ce que nous sommes aujourd’hui devenus, mais ce que nous sommes devenus aujourd’hui nous permet inlassablement - quand la vie psychique fonctionne - de repenser, de remanier, de transformer, de ré-écrire, de rétro-dire notre histoire passée.

Nous ne pouvons pas changer, bien entendu, les événements que nous avons vécus, mais nous pouvons toujours modifier le rapport que nous entretenons avec nos souvenirs, ce qui a pu faire dire à Tom Robbins :

« It’s never too late to have a happy childhood ».

Pourquoi dis-je cela ?

Parce que les effets de la pandémie que nous vivons en 2020 - et qui sont très difficiles et douloureux tant pour nos patients et pour leurs familles que pour les soignants - nous permettent pourtant de voir à quel point tout ce que nous avons vécu ensemble chez Cerep-Phymentin au cours des années passées a contribué à forger une dynamique associative et un fonctionnement solidaire qui aujourd’hui nous permettent de tenir bon.

En même temps, la crise que nous traversons aujourd’hui nous permet de mieux appréhender la profondeur de toute cette construction préalable.

Il importe donc de poursuivre aujourd’hui, contre vents et marées, ai-je envie de dire, pour continuer à filer la métaphore marine.

Cerep-Phymentin serait-il alors une sorte de phare dans un monde professionnel difficile ?

À l’heure où nous vivons un indéniable déficit d’humanité par la distanciation sociale, par la difficulté d’enterrer dignement nos morts, par les disparités sociales que le confinement vient désormais révéler au grand jour, Cerep-Phymentin peut être fier de maintenir aussi vigoureusement son éthique du soin psychique et de la rencontre… même à distance.

Si François GONON a parlé il y a quelques années de la psychiatrie biologique comme d’une « bulle spéculative », le vert et les bulles de savon (présents sur la photo illustrant l’une des pages du rapport d’activité) souhaitent symboliser l’espoir des enfants qui, lui, est une réalité tangible.

Alors vive Cerep-Phymentin, et vivent ses différentes équipes !

  • Bernard GOLSE, président de l’association Cerep-Phymentin - 2020

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