Communiqué de presse de Bernard Golse, président de la CIPPA et de Cerep-Phymentin

La CIPPA (la Coordination Internationale entre Psychothérapeutes Psychanalystes et membres associés s’occupant de personnes Autistes) et son président le professeur Bernard Golse ont accueilli avec prudence voire une certaine déception les dernières annonces de la secrétaire d’État chargée des personnes handicapées dans le cadre de la journée mondiale de l’autisme.

 

Les annonces d’aujourd’hui correspondent aux promesses d’hier. En un an, peu de choses ont évolué. Si la stratégie Autisme annoncée l’année dernière contient de nombreux aspects positifs tel que le forfait précoce qui accompagne la volonté d’un dépistage précoce généralisé, elle demeure néanmoins insuffisante et floue à propos de points essentiels.

La recherche et la formation sont les points faibles de cette stratégie. Mais cette situation est à l’image de la situation catastrophique dans laquelle se trouve la psychiatrie française. La problématique d’une recherche forte et plurielle ne sera pas réglée avec la création de trois centres experts. La question de la formation quant à elle dépasse le cadre de la formation continue des AVS.  Autre point noir, ce plan n’est pas à la hauteur pour la prise en charge des adultes et leur insertion.

Par ailleurs, la CIPPA s’interroge sur les propos de la secrétaire d’État Sophie Cluzel lorsqu’elle déclare ne plus vouloir entendre parler de psychiatrie face à Jean-Jacques Bourdin sur RMC. La psychiatrie n’est pas seulement la spécialité de la folie. C’est aussi le soin du lien et notamment le lien entre le patient et son environnement.

Enfin, la CIPPA rejoint la secrétaire d’État dans sa volonté de dénoncer les clichés concernant les causes de l’autisme. Ni les vaccins, ni la surexposition aux écrans, ni les caractéristiques psychologiques des parents ne sont des causes de l’autisme. Le modèle le plus plausible quant à l’origine des TED est un modèle polyfactoriel, incluant des facteurs biologiques, génétiques et environnementaux dans une perspective épigénétique.

Malheureusement s’il existe encore trop de psychanalystes et d’équipes qui proposent encore aux enfants autistes des cadres d’action dépassés, ceci ne peut être mis au compte de la psychanalyse qui accompagne les avancées des neurosciences et qui ne peut être tenue responsable des dérives et des maltraitances. La responsabilité doit être recherchée dans le manque de moyens attribués à la question de l’autisme (notamment pour la formation) et plus globalement à celle du handicap et de la psychiatrie en France.

► Retour sur les propos de Sophie Cluzel, interrogée par Jean-Jacques Bourdin, sur RMC, lundi, veille de la journée mondiale de l’autisme : « Avec notre plan, il s’agit de ne plus placer des enfants autistes devant des psychiatres. »  - Source : Libération