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30/01/2025

Eveil musical

Venue d’Elsa : Linda et Armelle témoignent

« Les enfants sont très contents de la venue d’Elsa, certains observent beaucoup avant de se lancer. D’autres sortent de leur coquille, affichent un sourire, chantent, dansent alors que dans la journée ils sont plus discrets. D’autres préfèrent écouter de loin, sans participer, mais ensuite chantent les chansons entendues. »
« Elsa est très pédagogue, sa façon de présenter son atelier permet aux enfants d’accepter de ranger les instruments, les échanger sans provoquer de frustrations. Pendant les repas, les enfants reparlent d’Elsa, de la musique. »

Eveil musical

Puis nous avons rencontré Elsa pour évoquer son parcours et son travail : entretien

Que pourriez-vous nous dire des bienfaits de la musique partagée dès le plus jeune âge ?

Les bienfaits sont multiples. C’est d’abord un merveilleux vecteur d’émotions, de lien, de transmission, d’expression. L’éveil musical permet à l’enfant de faire une expérience multisensorielle : en plus du sonore, l’enfant va se mobiliser pour prendre les instruments et les manipuler, il va toucher d’autres matériaux, voir/sentir/mettre à la bouche des objets qu’il découvre.

Il va aussi vocaliser, découvrir des sons qu’il peut créer différemment qu’avec sa voix parlée. C’est également un apport culturel : je transmets des morceaux de tous horizons (musiques du monde, chanson française, jazz…). Partager de la musique avec les tout-petits nous montre aussi d’autres facettes de leur personnalité, de leur sensibilité, et de leur place dans le groupe.

Que diriez-vous à des parents qui n’osent pas chanter car « trouvant qu’ils ne chantent pas bien » ?

Lors des séances parents-enfants, je dis toujours aux adultes qu’ils ne sont pas obligés de chanter, mais que pour leur enfant leur voix est la plus belle qu’il soit car ils l’entendent depuis toujours et même avant leur naissance.

Chanter en groupe permet parfois de prendre de l’assurance vocalement. On peut fredonner, chuchoter, dire les paroles en rythme pour les personnes les moins à l’aise. Moins on s’autorise à chanter, moins on chantera juste. Chanter est un moyen de communiquer, d’apaiser, de transmettre… et les enfants sont toujours un merveilleux public.

Êtes-vous musicienne, si oui de quel instrument jouez-vous ?

Oui, je suis musicienne. Diplômée en violoncelle, chanteuse et accordéoniste. Après des études musicales au conservatoire et des études d’infirmière, j’ai étudié à la fac pour avoir le DUMI (Diplôme Universitaire de Musicien Intervenant).

Comment vous est venue l’idée de partager cela avec des bébés ?

Lors de ma formation au Centre de Formation des Musiciens Intervenants à l’université d’Orsay, nous avions des modules concernant la petite enfance. Comme élève-infirmière, j’avais aussi pour habitude d’emmener mon violoncelle dans les services lorsque je travaillais en pédiatrie.

En commençant ma carrière de Dumiste, j’avais animé des ateliers d’éveil musical parents-enfants pour travailler sur le lien auprès de familles. Devenant maman en 2021, j’ai de nouveau eu l’envie de partager la musique avec les tout-petits et j’ai développé mes ateliers en crèche et d’autres ateliers parents-enfants dans le cadre des samedis en famille (ateliers artistiques dans les crèches parisiennes, accueillant les parents et leurs enfants de 0 à 6 ans).

Pouvez-vous nous décrire de manière concrète et précise, votre « matériel », comment vous vous installez, à quoi vous prêtez attention ?

Lorsque l’on partage une pratique artistique, il est important de se présenter comme « artiste » auprès des enfants, je viens donc toujours avec un instrument de musique : mon accordéon (parfois un ukulélé ou un Mélodica).

Pour les tout-petits, il est important de manipuler, d’explorer, d’expérimenter, les matières, les sons et les gestes sonores. J’apporte donc un grand nombre de petits instruments (corps sonores, bouteilles sensorielles, petites percussions, instruments mélodiques).

L’idée est de leur faire écouter un répertoire varié (des comptines à gestes aux musiques du monde, de la variété au jazz, à la musique classique…) et de leur faire ressentir certaines notions musicales à travers le corps. Les séances sont thématiques (pour entrer dans un univers ou un imaginaire différent à chaque séance) et ritualisées (accueil, exercices ludiques, comptine qui se répète et morceau de fin).

Ce qu’il vous semble le plus important pour initier ce moment ?

Lorsque je prépare mon matériel en arrivant dans la section, il y a un fond sonore (faisant référence à la thématique de la séance). Je chante ensuite la comptine d’accueil « bonjour le jour », une comptine à gestes, suivie de « bonjour et bienvenue » chantée avec le prénom de chaque enfant, pour accueillir chaque individualité dans le groupe.

C’est à la fois un moment collectif, où l’on peut chanter, faire les signes avec également un temps précis pour chaque petit.

Comment concluez-vous ce moment ?

Nous écoutons toujours une musique douce pour nous dire au revoir. C’est un moment sans instrument qui permet de se relaxer en fin de séance, de faire retomber l’excitation et de reprendre le cours normal de sa journée en crèche. C’est une écoute libre : les enfants peuvent se balancer, danser, fermer les yeux… etc)

Avez-vous un déroulé précis ? Change-t-il selon ce que vous observez ?

Le déroulé des séances est assez identique, ce sont de courtes séquences de 2 à 5 minutes qui s’enchaînent. Nous découvrons à chaque écoute musicale un type de geste musical, souvent dans l’ordre : secoué, frotté, frappé, puis un temps avec des instruments mélodiques reprenant ces gestes et en y ajoutant le souffle pour les plus grands.

Au milieu de ces séquences d’écoute, il y a une partie « ronde des comptines » (en reprenant la comptine rituelle du début de séance et en y ajoutant un à deux autres chants), avec quelques jeux vocaux. Dans chaque atelier, il y a une « surprise » : la lecture d’un livre, une autre sorte d’instrument présentée… quelque chose qui change des séances précédentes.

Avez-vous réalisé un travail collaboratif en amont avec l’équipe ?

Les ateliers sont toujours écrits et imaginés bien en amont. Je consulte l’équipe pour savoir si les professionnels ont des envies ou idées de thématiques, de notions musicales ou temps forts de la crèche prévus (type carnaval).

L’équipe vous a-t-elle adressé des demandes précises ou bien suivez-vous votre inspiration ?
Pour cette séance, il y a eu la demande de travailler sur le volume sonore dans la section des moyens/grands. Nous avions la fois précédente initié le crescendo/decrescendo (avec une tempête de neige sonore et l’arrivée et le départ d’un traîneau imaginaire plein de lutins).

Nous allons pour cette séance sur la forêt, parler de nuances en distinguant les différents sons produits par les animaux (de l’ours au colibri), grâce à l’album jeunesse « Au bois dormant ».

Y a-t-il des instruments que vous réservez à un groupe plutôt qu’à un autre ?

Certains instruments, notamment les flûtes et harmonicas sont plus adaptés pour les enfants plus grands. Les bouteilles sensorielles et les instruments de petite taille sont plus facilement maniables par les bébés. L’instrumentarium utilisé pour les deux séances est globalement le même, c’est celui que j’emmène pour les ateliers avec de jeunes enfants (0-6 ans).

Chantez-vous ?

Oui, le chant est un des fils conducteurs de la séance. Une comptine d’accueil, une comptine sur la thématique revenant plusieurs fois dans la séance, c’est l’instrument le plus facilement transportable, et la voix fascine certains bébés.

De plus, les chants transmis en séance peuvent être repris par les professionnels comme une continuité de l’atelier. Les paroles des comptines sont d’ailleurs transmises à l’équipe en fin de séance, ainsi que les différentes références (musiques écoutées, livres…) pour faire une transmission aux parents.

Nous vous remercions chaleureusement pour ces merveilleux moments que vous apportez aux enfants et à l’équipe par votre art.

♣ L’équipe de la crèche