Préparer un mémoire CAFERUIS

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Un autre regard porté sur son activité professionnelle, des opportunités de mise en œuvre et de nouvelles responsabilités en interne

 

Assistante sociale à l’IME Cerep-Phymentin, j’ai soutenu en novembre 2018, dans le cadre du Certificat d'Aptitude aux Fonctions d'Encadrement et de Responsabilité d'Unité d'Intervention (CAFERUIS), un mémoire portant sur l’ « Accès aux droits des jeunes majeurs de l'IME : pour un renouvellement de leur accompagnement par les professionnels de la structure ». La démarche méthodologique attendue a nourri ma réflexion, m’amenant à repenser notre mode d'accompagnement institutionnel au bénéfice des jeunes majeurs de l'IME. Entre préconisations et défis…

 

Ce sujet est en fait le fruit d’une réflexion entamée il y a quelques années avec le médecin psychiatre et la cheffe de service d’alors, la psychologue et moi-même à partir de notre expérience d'accompagnement de groupes de parole de jeunes sortants et de celui de leurs parents. Ce thème s'inscrivait par ailleurs dans les préconisations de l'évaluation externe de l'IME en 2012 et plus précisément dans l'évaluation interne croisée de 2015.

 

Ce projet a donc été imaginé à un instant « t » de l'institution, éprouvée depuis lors de multiples façons. Effectivement, depuis 2017, de nouvelles donnes régissent l’institution : changement d'agrément, obligation d'accueillir sur 3 ans 15 jeunes en situation complexe par la création d'une unité dédiée, signature du CPOM...

Participant aux bouleversements que l'institution a traversés, ces donnes ont présidé à de nouvelles stratégies d'action et à des décisions de changement.

 

Redéfinition des missions de l’assistante sociale : moyens mis en œuvre

 

Mes missions d'accompagnement social des jeunes et de leur famille doivent désormais se restructurer autour de l’orientation des jeunes. Cet axe de travail était anciennement dévolu à la cheffe de service en étroite collaboration avec l'assistante sociale pour tout l'aspect social et administratif (liens multiples avec la MDPH puisque la plupart des dispositifs d’orientation des jeunes de l'IME dépendent des notifications MDPH).

 

Anticiper le passage de l'IME à la vie dite « active » ou plus simplement à la vie adulte d'un jeune en situation de handicap, c'est évaluer, développer, promouvoir et protéger les capacités d'un jeune à accéder de façon autonome à ses droits et ses responsabilités de jeune citoyen majeur, dans le respect de sa temporalité. C'est un réel défi à relever sans quoi le jeune reste au mieux, dans un statut d'éternel mineur, au pire, risque des ruptures douloureuses de parcours. Il est question d'autonomie, de protection et de séparation où le soin doit prendre toute sa place...

 

Le premier moyen préconisé est l’élaboration d’une grille d'évaluation des compétences d'un jeune qui soit un support commun d'échanges et de travail entre les professionnels, le jeune et sa famille coordonné par le référent en lien avec l’équipe pluridisciplinaire

 

Le deuxième est d'organiser des matinales parents  d'information, de mutualisation des questions et des expériences susceptibles d'être des repères repris dans les entretiens familiaux d'une part et dans la préparation de la sortie du jeune d'autre part.

 

Le troisième est d'aider le jeune à s'approprier, à son rythme, ce qui va constituer le « très concret » de son statut de jeune adulte.

 

La grille d’évaluation des compétences : un travail d’équipe

 

Il s'agit ici de se recentrer sur le projet du jeune, de travailler à l'émergence de son désir ou tout du moins de ses aspirations et de construire avec lui les étapes de son projet à partir d'éléments objectivables.

 

Ceci est rendu possible grâce à l’utilisation d'une grille sur les compétences sociales et techniques du jeune, à laquelle nous avons commencé à travailler, en équipe, avec la cheffe de service ainsi qu’avec des partenaires de passerelles Éducation nationale. C'est un enjeu d'objectivation des potentialités à travailler en interne (référentiels existant pour les différents CAP ou diplômes de l’Éducation nationale, autonomie…).

 

Cela promet d'être un support objectif d'échanges avec le jeune et ses parents sur là où en est le jeune et les possibles à la sortie de l'IME. C'est un gros chantier de conception et d'harmonisation qui ne se fera pas en un trimestre et qui va recouper le travail à entreprendre en COPIL sur une modélisation des projets personnalisés.

 

Sur la forme, c'est tout simplement pour moi l'opportunité certes de penser autrement l’orientation mais surtout de coordonner, partager et déléguer (ce qui n'est pas encore spontané pour moi !) une mission et les tâches y afférant avec les éducateurs référents du jeune (coordinateurs du projet personnalisés), le jeune lui-même, l'enseignant spécialisé, la secrétaire sous la conduite du binôme de direction. À charge à chaque professionnel, dans les missions et tâches qui lui sont confiées de sérier ce que son temps lui permet de faire sans négliger ses propres aspirations.

 

Les matinales parents : angoisses quant au devenir de leur enfant

 

Il s’agit de mettre en place des groupes de parole de parents certains samedis matins afin de leur offrir des lieux d'information, d'échanges, de mutualisation des questions et des expériences.

Ces espaces permettraient de réduire le temps d'information adaptée que je consacrais jusqu'alors en individuel à chaque famille. Les informations données de façon collective pourraient être ensuite reprises dans leurs répercussions sur la famille et sur le jeune, en entretiens familiaux. J'ai à ce titre développé dans mon mémoire le choc psychique et/ou culturel que représentent la notion et le dispositif de protection juridique bien souvent nécessaire pour les jeunes de l'IME aux côtés d'autres dispositifs d'étayage et d'accompagnement.

 

La direction de l’établissement a pris la décision de tenter rapidement l'expérience d'ouvrir ces matinales parents à l'ensemble des parents de l'IME et non pas seulement aux parents de jeunes majeurs. Ces réunions  avaient pour thèmes, l'accès à la majorité puis les questions de MDPH, soins, travail...

 

Animées par la psychologue et moi-même, deux rencontres ont eu lieu en décembre 2018 et en janvier 2019, réunissant 23 et 17 familles. Leur évaluation a montré que ces rencontres n'étaient ni d'actualité, ni ajustées aux angoisses des parents générées par tous les changements et impactant le bien-être de leur jeune à l'IME. Un certain nombre de parents ont exprimé une grande angoisse sur le devenir de leurs jeunes à la sortie de l'IME, un besoin d'information sur les changements en cours et un sentiment de temps perdu.

 

Si je n'ai donc pu réellement mettre en œuvre toutes les préconisations figurant dans mon mémoire, ni évaluer mon projet selon des modalités définies, il est néanmoins rendu possible grâce aux opportunités qui me sont offertes mais dans une temporalité que je ne peux prévoir et maîtriser. Je reste assistante sociale à mi-temps…

Ma nouvelle responsabilité axée sur l’orientation est, à ce stade, assurément un défi !