7es rencontres soignantes en psychiatrie

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« Qui est celui-là ? » : quel accueil pour quels soins ?...

Rencontres soignantes à la cité des Sciences et de l’Industrie ou en distanciel, le 21 octobre 2021

Argumentaire : 

« Accueil », « admission », « orientation », « entrée »… de nombreux mots qualifient les premiers temps du soin. Lorsqu’une personne qui souffre de troubles psychiques franchit la porte d’un lieu de soin, à quoi peut-elle s’attendre ? A y être reçue, orientée ? A simplement satisfaire aux actes administratifs qui scelleront son admission ? A ce que quelqu’un écoute sa demande, l’entende et cherche avec elle un cheminement de soin ?

Faut-il repenser ce temps inaugural du soin ? Peut-on parler aujourd’hui de crise de l’accueil ? Chez les soignants, l’incertitude propre à la rencontre entraîne parfois des attitudes de défense, un surinvestissement des procédures, voire des mesures coercitives qui hypothèquent l’alliance thérapeutique. Les institutions de soin offrent-elles encore aux patients et à leurs proches des conditions propices à la rencontre ? Comment faire en soi une place à l’autre quand on manque de disponibilité psychique ?

La covid a modifié le contexte de l’accueil : tests, masques, blouses ont complexifié la rencontre qui s’est parfois effectuée en distanciel. Mais les soignants ont aussi pu déployer leur créativité. Comment s’inspirer de leurs trouvailles ? Que nous a appris la crise sur notre capacité à être présent à l’autre, quoi qu’il arrive ? Que nous a-t-elle enseigné sur les ressources des patients ? Comment ajuster nos observations et nos recueils de données ?

Du concept aux pratiques quotidiennes, comment l’équipe soignante pense-t-elle collectivement l’accueil ? Quelles priorités ? Quels dispositifs ? Quels rituels ? Comment entretenir la disponibilité psychique de chacun quel que soit sa place ? Quelles stratégies mettre en place pour contourner les obstacles, les transformer et permettre aux soignants de rester « en accueil » ? Comment soigner notre hospitalité ?

Table ronde 1 - Accueillir ou admettre ?

Dès les premiers regards, l’accueil initie le soin et mobilise chez le soignant des habiletés complexes : empathie, observation, écoute, analyse, attitudes suscitant un sentiment de sécurité chez la personne accueillie et ses proches… Il se différencie de l’admission (aspect administratif) ou de l’orientation (centré sur l’évaluation). Qu’est-ce donc qu’accueillir ? Accueille-t-on en psychiatrie de la même manière qu’en soins somatiques ? De quelle façon l’hospitalisation sous contrainte conditionne-t-elle l’accueil ? Comment faire en soi une place à cet autre inconnu, et parfois opposant, pour qu’il nous accorde sa confiance, qu’un lien puisse s’établir et un engagement se partager ?

Table ronde 2

Accueil en crise ou crise de l’accueil

Sans une présence soignante de qualité, le délicat moment de l’accueil d’un patient peut se réduire à l’application sèche d’un protocole. Trop souvent, il s’agit de réguler des flux plutôt que d’accueillir. Les procédures prendront-elles le pas sur le processus ? Faudra-t-il à l’avenir laisser les robots conversationnels « gérer » l’accueil ? Tant bien que mal, les soignants tentent de faire vivre une « psychiatrie artisanale », prévenante et respectueuse des singularités. Comment rester accueillant et « sécurisant » dans un système qui ne l’est plus guère et que la pandémie de covid frappe de plein fouet ? Quels dispositifs élaborer collectivement pour permettre à la personne accueillie de trouver ses repères, d’avoir la sensation de maîtriser a minima son environnement, d’identifier des personnes auxquelles faire confiance ?

Table ronde 3 – Comment se mettre en position d’accueil ?

L’accueil ne s’improvise pas, même si à chaque rencontre il se réinvente. Il exige de solides capacités relationnelles et une connaissance fine de la sémiologie psychiatrique : qu’est-ce qui fait signe dans l’attitude et le discours de la personne accueillie ? Il ne suffit pas de catégoriser des symptômes, il faut aussi être en capacité de recevoir, transformer et reformuler son discours de telle sorte qu’elle puisse se projeter dans un parcours de soin. Malgré la peur qui peut parfois survenir, comment se rendre disponible, se préparer pour l’accueil et l’organiser ?  Faut-il dédier une infirmière à cette pratique ? L’entretien d’accueil est souvent le meilleur outil pour initier le soin et négocier la prise en charge quotidienne. Comment et où mettre en travail la demande de soin (qui demande quoi à qui et pourquoi maintenant ?) ? Quelle stratégie déployer ?

Table ronde 4 – Réinventer l’accueil

L’accueil, c’est une foule de petites attentions qui apaisent et rassurent. C’est aussi le bonheur sans cesse renouvelé d’une rencontre singulière. Comment valoriser ce temps fondateur ? La pandémie nous a appris que même masqués et à distance des soignants et des usagers ont su réinventer cette étape de l’accueil en intégrant des pairs-aidants  ou en prenant soin des familles souvent meurtries par l’hospitalisation sous contrainte.

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