Un atelier fresque ou un trait d'union

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Nous choisissons de peindre sur les murs. Les murs limitent notre besoin humain de spatialité mais ils peuvent devenir de grandes fenêtres avec la possibilité de se sentir un peu chez soi et un peu ailleurs.

L'idée d'ouverture par cet atelier dans de grands espaces est favorable à de belles expériences de travail.

« Le mur peint dans un espace public » cherche sa voie en conciliant deux dimensions : l’esthétique par souci d’intégration à l’environnement architectural du mur, et la fonction pour légitimer sa présence au sein d’une communauté.

Nous partons donc avec l’idée de faire un trait d’union entre une réalisation artistique et une carte de visite géante de l’établissement. Elle s’adresse donc à la structure dans laquelle nous sommes inscrits mais nous visons également de pouvoir offrir nos services à d’autres lieux d’accueil, afin d’avoir un plus grand nombre d’interlocuteurs, ouvrant nos espaces de rencontres pour les jeunes et les professionnels.

Une première fresque est effectuée dans la salle de rencontre de l’IME de l’association Cerep-Phymentin.

Chacun puise dans un savoir et une technique de peintre en décor pour réaliser dans un premier temps des tracés, puis des patines de couleurs pour adopter toute la technicité relative à la matière (sa densité, sa transparence et sa coloration). Cette démarche est concluante car les jeunes sont partie prenante. Notre salle rencontre est un lieu de création et la fresque s’intègre au lieu, motivant d’autres professionnels pour rénover le sol avec un magnifique parquet. Cet endroit devient alors un lieu à forte valeur institutionnelle puisque c’est la première pièce où les familles sont reçues en entretien à leur admission ainsi que lors de tous les entretiens pendant le parcours du jeune.

La deuxième réalisation sera pour le bureau de notre directrice, avec des questions sur ses attentes, ses affinités de couleurs et de formes.

Les jeunes sont attentifs au travail et sont mis devant un premier obstacle. Nous devons prendre en compte, la structure de la peinture, fond, forme et rapport de ton.  Le travail est à repenser, la proposition de la maquette ne peut répondre à la réalisation. Les jeunes sont confrontés à une remise en question du travail de cette fresque. Je suis plutôt satisfaite de cet événement car je peux démontrer qu’il y a d’autres possibilités, l’échec n’est pas une fin en soi mais le début d’un nouvel enseignement, d’une nouvelle expérience.

Actuellement, les jeunes de l’atelier et l’éducatrice accompagnés d’un stagiaire éducateur sont allés rencontrer le médecin responsable au CMPP Saint-Michel dans le 15e, avec une proposition d’accomplir une fresque pour l’établissement. Notre atelier s’ouvre à l’autre par la médiation avec un trait d’union par le dessin. Une aventure humaine nous attend, une dynamique de rencontre qui propulse les jeunes et les professionnels à agir ensemble.

Pour finir cet écrit, je souhaite vous faire part d’un texte de Jean- Luc Nancy (philosophe) : " le dessin est l'ouverture de la forme, élan, départ, levée, capacité propre à frayer, amorcer, inciser— trait se tirant de rien pour le seul plaisir du sens du geste, du mouvement, du devenir, il est toujours « ce qui lie une chose à l’autre. »

Le métier d’éducateur dans nos établissements d’accueil a un rôle de passeur, permettant aux jeunes de devenir les créateurs et acteurs de leur propre existence en prenant contact avec la réalité grâce à nos échanges et notre partenariat : « Lier une chose à l’autre », comme le dit Nancy pour se tenir comme soi et faire rencontre d’autrui. 

►Francine ANDRES, éducatrice spécialisée à l’IME – Février 2021